Les Ummites

Un canular avoué qui a la vie dure

Cas associés aux ummites

Le vendredi 14 janvier 1966, Manzano Fernando Sesma reçoit le premier appel téléphonique des Ummites :

Allô, monsieur Sesma, nous avons lu votre livre. Nous sommes des extraterrestres.

La nouvelle n'est pas de nature à déstabiliser Sesma :

De quelle planète venez-vous ?

D'une planète que nous nommons Ummo et qui est à une quinzaine d'années-lumières de la Terre.

À l'époque Sesma se dit déjà en contact avec des ressortissants d'une planète nommée Auco et bien d'autres encore. Ummo, Auco, il n'en est plus à une planète près, mais demande à ses interlocuteurs, qui semblent s'exprimer avec difficulté, avec une voix nasillarde, pourquoi ils s'adressent à lui.

Voyez-vous, nous avons trouvé dans votre livre des éléments, disons, assez inexacts. Cependant, vous y dites certaines choses qu'un habitant de la Terre n'est pas censé connaître. Nous pensons donc que vous êtes réellement en contact avec d'authentiques extraterrestres et nous voudrions vous envoyer des lettres, des documents, pour que vous les lisiez lors des réunions que vous tenez dans votre club de la Baleine Joyeuse.

Sesma ne fait aucune difficulté. Les "Ummites" prennent contact avec un dactylo espagnol, via une petite annonce. Ils lui demandent de taper et envoyer des lettres à différents contactés, sous la dictée d'un homme prétendant s'appeler DEI 98. Comme le salaire est énorme par rapport au marché de l'emploi de l'époque, l'homme ne se pose pas de questions, et les lettres se mettent à parvenir à Sesma et à d'autres, avec régularité.

Aluche

Le dimanche 6 février 1966 à Aluche (banlieue de Madrid), un engin volant, après avoir évolué le long de l'autoroute, atterrit dans un champ pour redécoller presque aussitôt.

Pendant une année, Sesma, mais aussi Alicia Araujo (secrétaire de l'Ambassade des USA), Dionisio Garrido (policier), Antonio RiberaRibera, Antonio, Rafael FarriolsFarriols, Rafael et d'autres reçoivent des centaines de pages dactylographiées que lui adressent ceux qui s'intitulent eux-mêmes Los Ummitas, les Ummites. Les lettres, qui arrivent des quatres coins du globe, portent un en-tête invariable : UMMOAEELEWE, qui est censé signifier gouvernement général d'Ummo. Elles sont signées et portent un tampon. Dans une de leurs lettres, les Ummites précisent que ce tampon, porteur d'un symbole qui ressemble à une des lettres de l'alphabet cyrillique, se fixe sur le pouce avant d'être encré et appliqué sur le document. On remarque au passage que des numéros suivent les "noms" : c'est une constante chez ces gens, qui peuvent très bien s'appeler ISEI 456 ou DEI 98.

Cette année-là, Sesma reçoit une lettre contenant le passage suivant : M. Sesma, vous êtes un homme inconnu dans le domaine scientifique et dans le domaine philosophique, mais vous êtes un homme courageux et indépendant dans un pays ayant la réputation internationale du pays le plus arriéré d'Europe, dirigé par un gouvernement dictatorial lié aux expériences nazies et fascistes. Votre pays souffre des oppressions interdisant tous développements scientifiques, technologiques et idéologiques. Tous les grands intellectuels sont en exil ou ont été punis de mort par les oligarques comme Garcia Lorca.

San José de Valderas

Un jour de l'année suivante, DEI 98, le responsable de cette opération de diffusion d'informations, dicte une lettre annonçant aux différents contactés que plusieurs nefs, des navettes, sont sur le point de prendre contact avec le sol de notre planète, dont 1 à proximité de Madrid n1On apprendra, à travers des lettres qui parviendront plus tard, que la navette madrilène est censée ramener ce personnage dans sa planète d'origine, après un long séjour sur la Terre. Le dactylographe expédie cette lettre sans y prêter plus d'attention que les précédentes. Mais quelle n'est pas sa surprise de découvrir dans les journaux la mention d'un atterrissage de soucoupe au-dessus du chateau de San José de Valderas, dans la banlieue de Madrid, la veille, c'est-à-dire la date indiquée dans la lettre.

En 1987, une lettre indique : Gorbatchev est intelligent et honnête (...) Le marxisme est la meilleure voie politique (...) le SIDA a été créé par l'Armée US.

Jean-Pierre Petit à également écrit divers ouvrages à propos des Ummites.

On fera remarquer des similitudes entre l'affaire Ummo et celle du groupe "Bâal contact" ou même le principe des "lettres" dans un travail de fiction réaliste comme celui de de Henri de Parville. On émettra également l'hypothèse une possible entreprise de manipulation soviétique derrière tout cela. L'appareil qui aurait atterri en 1989 à Voronej sera d'ailleurs décrit comme arborant le symbole ummite.

Aveux

En 1993, l'ingénieur José Luis Jordan Peña 🤥Peña, José Luis Jordán avoue être l'auteur du canular Ummo, visant à se moquer de la crédulité de gens comme Sesma. Depuis 1965, il aurait rédigé les courriers et mis en scène des événements comme l'atterrissage à San José de Valderas. Cela est confirmé par des complices comme Vicente Ortuño, Trinidad Pastraña ou Mercedes Carrasco, cette dernière ayant été chargée de poster certains courriers lors de ses voyages à l'étranger.

Au début des années 2000s, Godelieve VanOvermeireVan, Overmeire Godelieve mène des recherches sur le langage phonétique Ummite, qui lui font déceler des correspondances avec plusieurs langues dont le sanscrit (mère de toutes les langues indo-européennes sauf le hongrois et le basque) et le chinois s1Van Overmeire, G. Le langage des Ummites ? ... c'est du chinois... Bulletin du GESAG n° 103, juin 2000. Cette hypothèse est contestée s2Gehrs, Johannes (sinologue) : "Le langage des Ummites : du chinois ?", Inforespace n° 103, décembre 2001, pp. 39-55.

s3Petit, J.-P. : 1995 s4Holbecq, André-Jacques : Ummo-sciences s5Caudron, Dominique : "'L'affaire' UMMO", 2004 s6Bourdais, G.: "Retour sur l'affaire Ummo" ("Les observations et les premières lettres en Espagne", "D'où viennent les lettres ?" Lopez Guerrero, Enrique (père) : Looking Toward The Edge Of The Universe, 1968