Les observations de Fort Monmouth

Le lundi 10 septembre 1951, des visiteurs sont à la base pour assister à une démonstration de canons anti-aériens pointés automatiquement par radar. Un opérateur apprenti du Corps des Signaux de l'Armée montre un moment comment fonctionne le dispositif en manuel, repérant un traffic aérien local, puis annonce qu'il va faire la démonstration du repérage automatique, où le dispositif est focalisé sur une cible et la suit sans intervention de l'opérateur. Le dispositif est capable de suivre des objets ayant la vitesse d'un jet.

11:10, l'opérateur repère un écho non-identifié à basse altitude, situé à environ 11000 m (12000 yards) au Sud-Est de la station, remontant la côte vers le Nord. L'opérateur tente d'enclencher le mode de suivi automatique, mais le dispositif ne fonctionne pas. Il essaie à nouveau, sans succès. Se retournant vers les personnes importantes qui le visitent, il déclare, embarassé : Cela va trop vite pour le dispositif. Cela veut dire que cela va plus vite qu'un jet !

L'assistance est étonnée. L'opérateur passe en contrôle manuel. L'opérateur estime sa vitesse à plus de 700 miles/h — une performance incroyable pour l'époque, même pour les meilleurs jets de l'armée. L'objet reste dans la portée du radar durant , puis disparaît de l'écran en direction du Nord-Est, à environ 13000 m d'altitude. Les techniciens radar de la base examinent les données météo : il n'y a aucune indication de couche d'inversion de température s1Ruppelt.

Une explication avancée pour ce repérage est une mauvaise manipulation du repérage automatique par l'opérateur apprenti. L'objet supposé voyagé à une vitesse incroyable n'aurait été qu'un avion conventionnel volant à 400 miles/h s2lieutenant Henry Metscher, cité par Ruppelt.

Rencontre en altitude

35, un T-33 piloté par le lieutenant de l'USAF Wilbert S. Rogers et le navigateur major Edward Ballard au-dessus de Point Pleasant (New Jersey) voit loin sous lui un objet de couleur argentée — décrit par Rogers comme rond et plat et d'un diamètre compris entre 30 à 50 pieds , filant à 1400 km/h et descendant apparemment vers Sandy Hook, depuis une altitude de 1 mile environ. Depuis son altitude de 20000 pieds , le T-33 entreprend une descente en rotation vers l'ovni mais ne parvient par à le rattraper : l'objet stoppe sa descente, stationne, puis fonce vers le Sud en effectuant un virage vers la gauche à 120° et disparaître vers la mer. Le radar au sol le repère et évalue sa vitesse à 1000 km/h.

Une explication de ballon sera avancée pour cette observation s3lieutenant Henry Metscher, cité par Ruppelt.

Retour au radar

15:15, le groupe radar reçoit un appel frénétique des quartiers-généraux leur demandant de repérer d'urgence une cible à haute altitude vers le Nord (là où l'objet "plus rapide qu'un jet" avait disparu le matin). L'objet est effectivement repéré à une altitude de 93000 pieds , se déplaçant lentement. Des observateurs au sol confirment rapidement l'observation bien que ne pouvant observer qu'un petit point argenté, une observation qui sera par la suite identifiée comme un ballon.

Second matin

Le le lendemain 2 dispositifs radar repère à nouveau une cible qui ne peut être suivie automatiquement : à la veille, un écho non-identifié à très grande vitesse, sans confirmation visuelle, le ciel étant trop nuageux. L'objet monte, stationne à un niveau, monte encore, puis fait une plongée. Lorsqu'il monte il le fait pratiquement verticalement. L'autre objet est repéré à le lendemain à très grande vitesse aussi, et toujours sans confirmation visuelle, le ciel étant trop nuageux.

Second après-midi

L'après-midi le radar repère un autre objet se déplaçant lentement et le suit durant quelques minutes.

Rapport à l'ATIC

Le le lendemain le rapport du centre radar du Corps des Signaux de l'Armée est envoyé de la base par telex à Wright-Patterson, à destination de l'ATIC. Il arrive à lundi 10 15:04 précises. Lorsque le rapport de l'observation atterrit sur le bureau du général Cabell, celui-ci ordonne une enquête pousée, souhaitant être tenu personnellement au courant de l'affaire. Ses ordres parviennent au lieutenant Jerry Cummings, le nouveau responsable du projet Grudge. En mettant son nez dans le dossier, Cummings est très surpris de découvrir que d'autres membres de Grudge on déjà "résolu" le cas, sans quitter leurs bureaux de l'ATIC. Selon le rapport qu'ils ont élaboré pour le Pentagone, l'incident se résume ainsi :

Il s'agit seulement d'un groupe de jeunes gens impressionnables ; l'équipage du T-33 n'a vu qu'un reflet.

Ces événements vont remettre en cause le traitement que l'USAF applique jusqu'ici au phénomène au travers du projet Grudge.