Le projet Grudge

Le projet Sign est refondu sous le nom de projet Grudge ("rancune") le vendredi 11 février 1949, et gratifiée d'une priorité inférieure. Parfois référencé sous le nom de Commission "Soucoupe", ce projet est centralisé à la base de Wright-Patterson (Ohio).

Le but cette refonte de l'étude des ovnis par l'USAF peut être qualifié de désinformation, puisqu'ayant pour 1er but de donner l'apparence d'un l'intérêt de l'USAF pour les observations qui lui sont signalées, de collecter confidentiellement un maximum de véritables informations sur le sujet, mais de systématiquement fournir des explications "rationnelles" à diffuser au public, voire aux militaires, et déclarer publiquement que les ovnis n'existent pas réellement s1Josef Allen HynekHynek, Josef Allen, Jerry Cummings et Edward Ruppelt, directeurs du projet en 1951 et l'année suivante.

Le mardi 27, le projet présente un rapport officiel sur 244 observations, dont les 23 % de cas inexpliqués sont attribués à une cause d'ordre psychologique. Le groupe est alors mis en sommeil, lorsque les cas semblent officiellement diminuer. En l'année suivante se développe un équivalent canadien du projet, sous le nom de projet Magnet.

Le lundi 10 intervient à Fort Monmouth une observation qui va remettre en cause le traitement fort contestable que l'USAF appliquait jusqu'ici au phénomène au travers du projet Grudge. Lorsque le rapport de l'observation atterrit sur le bureau du général Charles Pearre CabellCabell, Charles Pearre, celui-ci ordonne une enquête poussée, souhaitant être tenu personnellement au courant de l'affaire. Ses ordres parviennent au lieutenant Cummings, le tout nouveau responsable du projet. En mettant son nez dans le dossier, Cummings est très surpris de découvrir que d'autres membres du projet Grudge on déjà "résolu" le cas, sans quitter leurs bureaux de l'ATIC. Selon le rapport qu'ils ont élaboré pour le Pentagone, l'incident se résume ainsi : Il s'agit seulement d'un groupe de jeunes gens impressionnables ; l'équipage du T-33 n'a vu qu'un reflet.

Dans les heures qui suivent, conscient que sa réputation est en jeu, Cummings se rend lui-même dans le New Jersey avec le lieutenant-colonel N. R. Rosengarten. Ils interrogent tout le monde, y compris le pilote du T-33 et son passager, certains d'avoir aperçu non pas un simple reflet, mais un engin contrôlé par une intelligence. Le lendemain, Cummings et Rosengarten s'envolent pour la capitale, afin de faire un compte-rendu à Cabell.

Après voir écouté leur version des faits, Cabell s'informe sur la façon dont le projet Grudge traite habituellement ce genre d'affaires. Cummings prend alors son courage à deux mains, et lâche :

Tout le monde se moque des enquêteurs du Grudge. [Sur l'ordre du patron de l'ATIC, le général Harold Ernest Watson, les employés du projet Grudge] déprécient systématiquement les rapports qui leur sont envoyés. Leur seule activité consiste à proposer des explications nouvelles ou originales pour plaire à Washington.

Cabell enrage : On m'a menti ! hurle-t-il. Cummings et Rosengarten sont renvoyés avec ordre de retourner à Dayton pour réorganiser le projet Grudge. Cabell indique : Je ne veux pas de préjugés, j'interdis les préjugés. Que ceux qui ont des préjugés s'en aillent immédiatement.

Le projet Grudge est donc réactivé de fait le mercredi 12, mais ce ne sera pas Cummings qui s'occupera de la réorganisation de l'enquête sur les ovnis. Il retourne bientôt à la vie civile, en charge d'un autre projet gouvernemental classé confidentiel. C'est au jeune capitaine Edward J. RuppeltRuppelt, Edward J. qu'incombe la tâche de restaurer un semblant d'objectivité dans la manière dont l'USAF aborde le dossier ovni. Sous sa direction, le projet est rebaptisé Blue Book.

Fin mars 1950 est instaurée une sous-commission du projet, le projet Twinkle.

Quelqu'un au Pentagone suggère que "Grudge" donne l'impression que le projet abordait le travail à à contrecœur. Le code "Blue Book" est alors choisi en remplacement, inspiré du nom donné aux livres bleu de college traditionnels qui avaient toutes les réponses aux questions des examens s2Ruppelt, E. J.: "Why Don't The Damn Things Swim so we can turn them over to the Navy!", True, mai 1954.