La commission Brown (1966)

Le scandale du Michigan

En mars 1966, les explications de Josef Allen Hynek, alors consultant pour l'USAF, à une série d'observations à Dexter et Hillsdale (Michigan) vont provoquer un véritable scandale dans l'opinion, qui ne fait plus confiance à l'armée de son pays et pour qui le gouvernement cherche visiblement à étouffer les affaires. Cette affaire du Michigan va ébranler le projet Blue Book, et pousser le gouvernement a adopter une politique de diffusion d'informations sur ces observations.

Le lundi 25, 2 membres du congrès, Weston Vivian (député démocrate d'Ann Arbor) et Gerald Ford (alors à la tête de la majorité républicaine de la Chambre) réclament une audition du Congrès sur la question. Dans une lettre, ils demandent l'ouverture d'une enquête sur la manière dont l'USAF s'acquitte de sa tâche en ce qui concerne les ovnis : Le public Américain a droit à une meilleure explication que celle donnée jusqu'ici par l'Air Force (...) Il est temps que ce mystère soit éclairci.

Quintanilla est attaqué de toutes parts. Lorsque j'ai entendu la proposition du Député Ford j'ai du secouer la tête et j'ai ri. Une audition publique serait un cirque je ne voulais pas y prendre part, dira-t-il. A coté de cela, Hynek, s'est engagé dans un revirement capital, exprimant diverses critiques sur la façon dont l'étude des ovnis a été gérée par l'USAF. Des ovnis ont été vus par des scientifiques, déclare-t-il, et publie un livre défendant la nécessité d'une étude scientifique indépendante du phénomène.

Le secrétaire de l'USAF Harold BrownBrown, Harold propose la création d'un organisme civil menant une étude scientifique des ovnis et autorise les scientifiques à consulter les dossiers de l'USAF sur le sujet. A Washington, une réunion du Comité de l'Espace du Senat à lieu, où l'on décide qu'il ne faut pas mêler la NASA à cela, afin de ne pas ternir son image. La "patate chaude" finit donc par être refilée au Comité des Forces Armées de la Chambre des Représentants (House Armed Services Committee).

Auditions

Le 5 avril se tient donc la 1ère audition du Congrès américain sur le sujet des ovnis. Il s'agit de la Commission des Services Armés de la Chambre des Représentants (House Armed Services Committee) de la 2ᵉ session du 89ème Congrès s1[Imprimé de la Commission N°55, "Objets volants non identifiés"]. Elle est présidée par L. Mendel Rivers (D-S.C.) (qui peu de temps avant déclare que sa femme s'intéresse aux ovnis). N'y témoignent toutefois que 3 membres de l'USAF liés au projet Blue Book tant critiqué :

Brown y déclare qu'aucun élément ne permet d'indiquer que la terre a été visitée par des étrangers de l'espace. Selon lui, presque tous les 10147 objets volants non-identifiés rapportés ces 19 dernières années ont été facilement expliqués, y compris les récentes observations dans le Michigan, comme des gaz de marais, des canulars, des planètes, comètes, météores et aurores boréales. Il ajoute cependant que l'Air Force à un esprit ouvert et va continuer à enquêter sur l'ensemble des rapports s2[Congress Reassured on Space Visits, The New York Times, 6 avril 1966] et propose la création d'un organisme civil (qui sera la Commission Condon, représentée par une université indépendante) menant une étude scientifique des ovnis où les scientifiques seront autorisés à consulter les dossiers de l'USAF sur le sujet.

Brown coupe ainsi un peu l'herbe sous le pied à Hynek, lorsque celui-ci prend la parole :

La commission débouche sur la création du Projet Colorado, une étude civile des ovnis commanditée par l'USAF à une université indépendante (évitant aussi le risque d'une commission d'enquête du Congrès). Cette noble intention prend forme en octobre, lorsqu'un comité de 6 scientifiques, sous la présidence du docteur Brian O'Brien, examine le projet Blue Book. Tout en félicitant le travail du projet, ce comité estime qu'une étude scientifique approfondie des ovnis est utile et propose de confier ce travail à des universités américaines dont l'impartialité ne pourra être mise en cause. Le Congrès approuve ce projet, donnant ainsi naissance au Commission Condon, comprenant 37 membres principaux (une condition étant qu'il ne devaient pas s'être intéressés aux ovnis auparavant selon certaines sources).

Références :